Épisode 1

Premier épisode

Je suis désolé, mais il n'y aura pas de résumé cette semaine de l'épisode précédent, parce qu'il n'y a pas d'épisode précédent, parce que c'est la premiére partie. Je sais que c'est une excuse vieille comme le monde, mais c'est la vérité. Ça sera pour la prochaine fois.

Il pénétra d'un pas foudroyant dans les toilettes du onzième pour se laver les mains. Cependant, très loin de là, neuf étages plus bas, Aventure se prélassait au local du journal en fumant des Gitanes (bizarrement elles sentaient les Player's light. Elles portaient même l'inscription "Player's Light" mais puisqu'Aventure croyait fermement fumer des Gitanes, c'est pas moi qui va la contrarier). Toujours est-il qu'Aventure ne se doutait pas du rendez-vous qu'elle venait de manquer au onzième. Elle se disait qu'elle pourrait essayer de le rejoindre, mais l'ascenseur était bloqué, et étant de nature fainéante, la perspective de se taper neuf étages en escalier, même roulants, ne lui souriait guère. C'est pourquoi il sortit de la toilette sans rencontrer qui que ce soit qui pourrait nous intéresser pendant qu'Aventure sortait une autre Gitane de son paquet de PLAYER'S LIGHT sans savoir qui il était ni où il allait. D'ailleurs, moi-même je n'ai aucune idée de son identité ou de la pertinence de sa présence dans cette histoire. C'est pourquoi je n'en parlerai plus.

"Pourquoi faut-il que Zorrino s'en aille?" Cette question obsédante revenait sans cesse dans la tête de St-Jeff, qui était perdu au fin fond du Pérou. "On ne s'évade pas des prisons soviétiques", pensait-il. Puis, reprenant le taureau par les cornes il entreprit de s'évader, ce qui fût relativerment facile, étant donné qu'un champ de maïs n'est pas ce qu'on pourrait appeler une forteresse. Son évasion réussie, il décida de rejoindre le Québec à pied en traversant le Sahara à la nage, ce qui serait tout un exploit, étant donné les dimensions relatives de ce désert, surtout dans le sens de la longueur.

Aventure contemplait son paquet de Player's light vide. Elle ne connaissait pas l'existence de St-Jeff. St-Jeff ne connaissait pas Aventure. Et d'ailleurs il s'en foutait. Elle aussi. Pourtant, ils croyaient fermement tous les deux que leurs chemins allaient se croiser un jour ou l'autre.
- Je ne connais pas l'existence de St-Jeff, et pourtant je crois fermement que nos chemins vont se croiser.
- Imbécile! Comment puis-je savoir que nos chemins vont se croiser si je ne connais même pas l'existence de St-Jeff!
- Et-ce que je sais moi? Et d'abord, je ne me suis rien demandé, moi! De quoi j'me mêle? C'est pas mes oignons!
- Va me faire foutre!

Elle dialoguait ainsi avec elle-même, mais comme elle avait l'habitude de penser tout haut, elle fût taxée séance tenante de sale communiste (ça n'a aucun rapport, mais les gens aiment traiter n'importe qui de n'importe quoi pour n'importe quelle raison) par son voisin de gauche assis à sa droite. Puis le silence s'installa. Un silence lourd et pesant. On aurait entendu une mouche voler. On entendait d'ailleurs une mouche voler. Elle virevoltait d'un coin à l'autre et voltevirait de l'autre au coin, en lorgnant d'un oeil indifférent mais quand même intéressé la poubelle du journal, et son bourdonnement était vraiment agaçant, ce qui aurait porté sur les nerfs de tout le monde s'il y avait eu quelqu'un mais tout le monde était parti, ce qui faisait que personne ne prêtait quelque attention à la petite bourdonneuse qui de toutes façons s'était noyée dans la cafetière léguant toute sa fortune à sa fille unique, ce qui n'était pas grand chose, car tout le monde connait l'indifférence d'une mouche devant les richesses matérielles de ce monde. Elle laisse dans le deuil une famille nombreuse et éplorée mais malheureusement inconnue. Les obsèques auront lieu à l'église St-Saint, sortie 140 de l'autoroute des Laurentides, Montréal. Buffet chaud et dîner froid avec dégustation de vins.

Pendant ce temps, St-Jeff était arrivé au bord d'une rivière, qui par un étrange hasard s'appelait Macchupicadola. Fatigué de nager, il décida de remonter la rivière qui devait fatalement aboutir quelque part, sinon nulle part. Il laissa le taureau attristé derrière lui, qui maudisait son incapacité à pouvoir marcher sur l'eau. Il poussa un meuh déchirant et s'en retourna vers ses champs de maïs qu'il n'aurait jamais dû quitter. De son côté, St-Jeff poursuivit sa petite bonne femme de rivière.

Au même moment, mais un peu plus tard, un homme était assis à son bureau du cinquième étage, seul. Seul, il l'était, et comment. Des solitaires comme ça, on n'en fait plus. "Je suis seul" disait-il à qui voulait bien l'entendre mais comme il était seul personne ne l'entendait. Pour oublier sa solitude, il buvait. Il en était d'ailleurs à son cinquième scotch lorsqu'un fait bizarre attira son attention. En effet, son scotch goûtait le whisky, ce qui ne manquait pas de l'inquiéter. "Si le scotch se met à goûter le whisky maintenant, où allons-nous?" se demandait-il, perplexe.

À SUIVRE

5 commentaires:

  1. Wow ! C'est ce que Mistral appelle du vieux tiroir ! Simonac ! T'as tout gardé !? Heureux homme. Je dois avoir une caisse quelque part… Pleine… Boah…

    RépondreEffacer
  2. Je voulais dire par là que quand je me relis, euh… Je trouve pas ça bon. Et qu'au Cégep… Ben c'est avant l'avant de l'avant, genre. Assez inouï que tu sois allé rechercher tout ça ! Inouï raide. Ça m'a rappelé des souvenirs en esti ! Saint-Jeff. Wow.

    RépondreEffacer
  3. C'était le méchant bordel ici. J'espère que Blogger va se brancher et pas nous sortir une version 3, ça va faire gosser avec leurs widgets.

    J'avais rien gardé du tout; j'ai simplement récupéré à partir des archives de la Bibliothèque Nationale, comme je l'explique ici.

    Tu vas rire, moi non plus quand je me relis je trouve pas ça si hot. Il y a des bons moments, mais il y en a d'autres où je me dis pas fort... remarque, j'avais pas le bénéfice de copier-coller à l'époque

    RépondreEffacer
  4. Bah ! Pour Aventure, spa pareil. C'était comme ça. Tsé. C'est comme c'était ! Mais quand je me relis moi… ouash. Chais pas si j'explique bien.

    É.

    RépondreEffacer
  5. J'allais t'écrire « Qu'es-tu devenu» mais j'ai lu ton résumé en haut à droite...

    Marie alias De Bïste

    RépondreEffacer